Bruce Springsteen, Born To Run (1975)

Publié le par mikael bourbon



Bruce Springsteen, Born To Run (1975)

Born To Run: tout simplement le plus grand disque de rock de tous les temps. Si Like A Rolling Stone de Bob Dylan dix ans plus tôt est la Bible du rock, Born To Run en est l'évangile et Springsteen son plus fervent apôtre.
Le 9 mai 1974, en sortant d'un concert de Bruce Springsteen et du E Street Band, le journaliste et critique rock Jon Landau allait écrire ces quelques mots devenus mythiques: "J'ai vu le futur du rock'n'roll et son nom est Bruce Springsteen", cette simple forume allait devenir prophétique, et Jon Landau allait également être l'un des architectes de Born To Run en coproduisant l'album Born To Run.

Au cours de l'enregistrement du disque, le E Street Band allait voir sa formation augmentée de trois membres, dont l'apport sera miraculeux pour la musique de Bruce Springsteen: tout d'abord Steven "Miami" Van Zandt, guitariste et ami d'enfance de Springsteen, le virtuose Roy "The Professor" Bittan, et le puissant "Mighty" Max Weinberg à la batterie. Le E Street Band trouve ainsi sa formation définitive, et n'évoluera plus beaucoup au cours des années suivantes, hormis les arrivées de Nils Lofgren puis de Patti Scialfa plus de dix ans plus tard.

Born To Run est non seulement une oeuvre magistrale, mais aussi et surtout un hymne à la liberté et à l'amour. Born To Run est un cri dans la nuit, qui fait se rencontrer la poésie Beat, Roméo et Juliette et James Dean. Born To Run est tout cela, et plus encore.

Thunder Road avec sa splendide introduction, alliance du piano et de l'harmonica puis de la guitare, est une formidable entrée en matière, où le narrateur invite son amie Mary à venir fendre cette route du tonnerre avec lui. Lorsque la vie n'a plus rien à nous offrir et qu'on tente d'échapper à un inéluctable destin, c'est cette route qu'il faut prendre afin de s'échapper de son nid de misère: "It's a town full of losers/And I'm pulling out of here to win".
Tenth Avenue Freeze-Out nous invite à une promenade au coeur de la vie de la rue, de ses combats et de ses douleurs du quotidien. Par ailleurs, Tenth Avenue Freeze-Out est l'une de ces chansons écrites pour et par le E Street Band, où Springsteen nous raconte l'introduction dans le groupe de son saxophoniste Clarence Clemons naturellement affublé de son doux sobriquet de Big Man: "When the change was made uptown/And the Big Man joined the band". Evidemment, l'interprétation de Tenth Avenue Freeze-Out sur scène reste l'un des moments l'un des moments les plus attendus des fans, au cours de laquelle Springsteen se lance dans une dantesque présentation des membres du E Street Band.

La route continue avec Night, hymne à la nuit et à ses trésors, et qui traite des promesses (tenues ou brisées) qui attendent les gens une fois leur travail terminé, et ce sur un rythme extrêmement soutenu, où le E Street Band déploie tous ses talents: "You work nine to five/And somehow you survive/Tille the night".
Ensuite, Backstreets narre une amitiée trahie puis perdue entre le narrateur, sans doute Springsteen lui-même et son ami Terry, dans une atmosphère sombre des bas quartiers de la cité avec son cortège de situations et de figures parfois hautes en couleur, le tout avec une introduction au piano, des cordes et une boucle de basse, avant que le morceau ne bascule dans l'hystérie et la reprise hantée du thème "Hiding in the backstreets/hiding in the backstreets..." De Backstreets et de ses rues on peut aimsément passer au champ de bataille introspectif et sentimental de Jungleland, sur fond de rivalité entre gangs, et où une fois de plus l'instrumentation et l'arrangement du titre, proche d'un "mur du son" façon Phil Spector éclatent littéralement. Le E Street Band atteint là son meilleur niveau, et on se fait allègrement bercer par le piano de Roy Bittan, et les nappes de saxophone intelligement distillées par Clarence Clemons.
She's The One, rock carré et sensuel, à la mélodie cristalline fait pratiquement figure d'exception sur le disque, tout comme Meeting Across The River, empreint d'un mystère et d'un charme romantique, qui nous permet de respirer entre les morceaux les plus haletants de l'album, parmi lesquels la chanson-titre Born To Run dépasse tout ce qui était alors permis.

Born To Run prouve au monde ce que Springsteen savait déjà: le rock peut vous sauver la vie. Born To Run est véritablement l'alliance entre toute la mythologie du rock et la réalité ouvrière des Etats-Unis des années 70. Born To Run est une vaste métaphore qui nous incite à aller de l'avant, à ne jamais abandonner, à fuir son destin pour mieux le maîtriser sur une musique explosive, avec ses changements de rythme et le E Street Band qui règne sur le rock comme jamais, et qui laisse tous les autres prétendants loin derrière. Et à l'écoute de la chanson, n'importe qui d'entre nous ne peut avoir qu'une seule idée en tête: larguer les amares et vivre!

In the day we sweat it out in the streets of a runaway American dream
At night we ride through mansions of glory in suicide machines
Sprung from cages out on Highway 9
Chrome wheeled, fuel injected
And steppin' out over the line
Baby this town rips the bones from your back
It's a death trap, it's a suicide rap
We gotta get out while we're young
'Cause Tramos like us, baby we were born to run

Wendy, let me in, I wanna be your friend
I want to guard your dreams and visions
Just wrap your legs round these velvet rims
And strap your hands across my engines
Together we could break this trap
We'll run till we drop, baby we'll never go back
Will you walk with me out on the wire
'Cause baby I'm just a scared and lonely rider
But I gotta know how it feels
I want to know if your love is wild
Girl I want to know if love is real

Beyond the Palace hemi-powered drones scream down the boulevard
The girls comb their haur in rear-view mirrors
And the boys try to look so hard
The amusement park rises bold ans stark
Kids are hudled on the beach in a mist
I wanna die with you out on the streets tonight
In an everlasting kis

The highways jammed with broken heroes
On a last chance power drive
Everybody's out on the run tonight
But there's no place left to hide
Together, Wendy, we can live with the sadness
I'll love you with all the madness in my oul
Someday girl, I don't know when, we're gonna get to that place
Where we really want to go
And we'll walk in the sun
But till then tramps like us
Baby we were born to run

Bruce Springsteen, 1974.

Lorsque sort Born To Run le 25 août 1975, Bruce Springsteen n'a même pas 26 ans, et se retrouve immédiatement propulsé sur le devant de la scène, notamment en faisant la couverture la même semaine des deux plus grands news magazines américains: Time et Newsweek. Si Elvis était le King, Springsteen est l'empereur non couronné du rock. Born To Run est un chef d'oeuvre absolu, qui renferme la quintessence du rock américain et qui va faire de Springsteen l'emblême du working class hero américain. Le Boss est né. Et comme l'a écrit François Ducray, "le reste n'est que poussière de merde".

1) Thunder Road
2) Tenth Avenue Freeze-Out
3) Night
4) Backstreets
5) Born To Run
6) She's The One
7) Meeting Across The River
8) Jungleland

Publié dans Discographie

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